Travailler avec des
informations pendant la pandémie de COVID-19

Le monde entier sort progressivement du confinement. Au cours de ces deux mois, non seulement notre mode de vie a radicalement changé, mais aussi notre attitude face aux messages que l'on reçoit chaque jour par les médias et les réseaux sociaux.
Le journaliste Armen Balasanyan partage avec ses collègues quelques conseils qui peuvent aider à mieux analyser les informations qui apparaissent dans les médias pendant et après la pandémie, et à bien préparer ses propres articles en se basant sur une information vérifiée.
Dans les conditions de la crise actuelle causée par la pandémie de COVID-19, la majeure partie de l'humanité a changé son mode de vie habituel. Il y a 15 à 20 ans, de telles circonstances compliqueraient considérablement la vie de tous les jours mais maintenant grâce à l'utilisation généralisée d'Internet en quelques jours une grande partie des activités professionnelles et éducatives est passée à un mode de fonctionnement à distance. Les écoles, les collèges, les universités, les entreprises qui n'ont pas de production manuelle, ont su bien s'adapter aux nouvelles réalités.
Ce phénomène de la diffusion des informations
fausses en inadéquation avec la réalité de COVID
-19 a été remarqué par l'Organisation mondiale
de la santé (OMS) et a été appelé « infodémie ».
Parallèlement au développement d'Internet, les médias traditionnels ont subi une transformation importante, du conservatisme classique, lorsque nous ne pouvions regarder les actualités qu'à certaines heures, par exemple, le journal télévisé du soir, aux réalités d'aujourd'hui, lorsque les actualités du monde entier nous parviennent instantanément et que
l'information est mise à jour chaque minute. Le nouveau rythme de l'information a eu un fort impact sur nos vies. On l'a vu surtout lors de l'épidémie de coronavirus, lorsque le besoin de communication sur Internet a touché même ceux qui n'étaient pas encore touchés par ces technologies. Evidemment dans ce flux d'informations qui n'est
pas encore organisé et qui est difficile à contrôler du point de vue juridique et éthique, de nombreuses fausses nouvelles apparaissent.
La pandémie de COVID -19 est devenue à la fois une source de désinformation qui entrave encore plus la lutte contre cette maladie complexe et peu connue. Parallèlement à la radicalisation, au recrutement en ligne par des organisations terroristes, à la cybercriminalité l'infodémie a un impact sérieux sur la sécurité
nationale
car l'effet de la propagation du virus informatique est plusieurs fois plus rapide et il est impossible de s'y cacher. A côté des faits objectifs et vérifiés, le réseau virtuel est rempli de faux messages et d'informations non confirmées. Certaines publications et certains articles parlent des théories du complot, telles que l'implantation de puces à travers des vaccins ou la fuite d'armes bactériologiques et chimiques, la menace de pénurie des produits alimentaires ou les appels à traiter le coronavirus avec des remèdes de la médecine traditionnelle.
De tels messages sont causes de la méfiance à la fois envers la maladie elle-même et envers le personnel médical, les gens ont peur de la vaccination.

En France, comme dans de nombreux autres pays, en
particulier dans les premières semaines du confinement la même situation s'est produite − dans les rayons des magasins d'alimentation littéralement en quelques heures tous les produits essentiels, les pâtes, la farine, les produits d'hygiène personnelle ont disparu. Succombant à la panique créée en grande partie par des réseaux sociaux, des médias individuels, les gens ont couru vers les magasins pour acheter tout ce qui y restait.
Pendant cette période, de nombreux internautes
partageaient des photos de leurs stocks, publiaient
des photos des rayons vides et d'énormes queues
devant les magasins, augmentant ainsi la panique et
poussant les autres à se précipiter vers les
supermarchés.
L'endiguement de la propagation des cas de maladie et la prévention de la panique dépendent de la façon dont les faits et le risque sont présentés.
Il est intéressant de noter que lorsqu'on lit des actualités sur la pandémie, la présence importante de mots tels que « la mort », « mortel », « les morts », « tuer », « décéder » attire immédiatement l'attention. Cela provoque chez les gens, plutôt, la peur, la panique, des actions non coordonnées, un manque de logique qu'un appel à la prudence, au confinement, à l'hygiène personnelle. Le temps qu'on attend la création d'un remède, la mise au point du vaccin les journalistes et les blogueurs ont une grande responsabilité vis-à-vis de la santé de la population et la vie des gens.
L'effet de l'infodémie restera dans l'esprit des gens pendant longtemps, mais un coup sérieux a déjà été porté au système de santé, de l'économie et de la sécurité. En effet, l'infodémie affecte négativement l'état mental des personnes, créant
un sentiment d'attente de mort, provoquant des
humeurs xénophobes.

Aujourd'hui en France et dans d'autres pays européens, le stricte confinement est terminée. La situation se normalise progressivement, les gens reprennent leur rythme de vie habituel, mais il faudra beaucoup de temps pour surmonter les conséquences de la désinformation autour de coronavirus, pour restaurer la confiance des gens dans les médias. Les journalistes et les blogueurs travaillant avec le sujet de la pandémie doivent être conscients de leur mission et assumer l'entière responsabilité des informations fournies.
4 RÈGLES POUR PARLER DE LA PANDÉMIE
Dites non au mot « mort »
Utilisez le moins possible les noms associés à la mort, car l'homme craint instinctivement tout ce que son cerveau considère comme une menace pour sa vie
N'utilisez pas les adjectifs
subjectifs
Les auteurs doivent réduire l'utilisation d'adjectifs subjectifs − « fatal », « létal », « mortel ». L'article ne doit pas inciter à la peur, mais doit avertir, faire un appel à respecter les mesures de précaution.
Éviter les titres de piège à clics
comme celui d'un article dans le magazine Paris Match: « Un homme tue sa compagne et se suicide parce qu'il pensait avoir le coronavirus » ou « Il perd son travail à cause du coronavirus, « parle à Dieu », tire sur sa compagne et se suicide ».
Citez davantage de données statistiques
Il ne faut pas oublier que les statistiques officielles sont perçues plus calmement qu'une description détaillée des cas individuels. Les non spécialistesm ne doivent pas analyser la situation autour du coronavirus, il suffira de couvrir les événements.
Armen Balasanyan
L'auteur de l'article, le correspondant du journal français
« L'observateur Russe »
Statistiques COVID-19 en France
au matin du 15 juin
194 153
Cas de contamination
29 410
morts
72 982
Guéris